INTERVIEW - ZIDI
A l’heure ou la scène alternative se diversifie et se décomplexe en cassant toujours plus de codes. Zidi avance dans ce courant en exploitant les influences diverses qui l’ont formées au cours de sa vie, du rock au monde de la mode. Notamment caractérisé par les productions novatrices sur lesquels il fait preuve d’une aisance presque arrogante. Ainsi qu’un univers mental et le poids de sa santé, animé par des réflexions autour de la mort, rappelant plus d’une saison d’American Horror Story. Il nous fait ici part de son parcours et de ses ambitions, se renouvelant sans cesse pour mieux réactualiser sa pensée aux couleurs du jour.
Tu peux te présenter rapidement ?
Zidi, 26, originaire 92. Maintenant je suis dans le 5e, à la limite 13e; et ça fait 7 ans je fais du rap. Et sinon je fais de la musique depuis que j'ai 9 ans. J’ai pas de diplômes, j'ai dû faire 7 lycées. J'ai beaucoup été viré, je faisais pas mal de conneries. Mais ouais donc moi ça a toujours été la musique, ça veut dire j'ai pas trop suivi d’études.
Est ce que tu vis de ton art?
Non, j'en vivais plus en 2019 quand j'avais signé chez Bendo pour Alice. J’étais avec la Citizen Kane en prod et Bendo en distribution. Ils donnaient de l'argent et des placements dans deux trois playlists; mais c'était pas la même chose, il n’y avait pas Spotify c'était Itunes. La CiKe payait les clips, sessions studs etc..
Quelles habitudes tu as mis en place pour optimiser voir professionnaliser ta performance ?
À l'époque de 25 je me forçais à écrire tous les jours. Franchement j'ai de la chance, j'ai pas l'impression que je m'épuise, souvent je parle des même sujets mais j'essaye de les tourner différemment. C'est à force de le vivre; quand je parle d'enterrements, trucs comme ça, c'est vraiment réel. J’ai jamais fais plus de deux ans sans un enterrement; rien que cette année j'en ai fait trois en espace et neuf mois, que de ma famille proche. Tu vois ça veux dire ce sont des trucs que je vis vraiment. Ça se ment pas. Ça veut dire l'inspiration, elle s'épuise pas. Je ne peux pas mentir, mes darons écoutent mes sons. Je ne peux jamais mentir dans mes sons, jamais mes darons vont venir me voir en disant ouais t'as dit une dinguerie là, c'est pas vrai. Je ne pourrais pas les regarder dans les yeux. Moi c’est juste j'écris ce qui vient, je ne me force pas. Mais si des fois les mots tournent en rond tant pis si c'est ce qui vient sur le moment, c'est ce qui vient. J'écris beaucoup au “brut”, à l'émotion.
Est ce qu'on peut parler de professionnalisation dans un domaine artistique ?
Si, parce que tu penses en amont. Tu fais les sons sans trop penser et après en amont tu penses, tu sais les concepts, est ce qu'on irait pas sur ce genre de bails. Ce genre de choses tu les pensent après avoir fait les sons. Quand je suis en studio je me dis pas je vais faire ça ça ça. Je vais faire un truc que j’apprécie sur le moment et après en construisant le projet etc.. on va se dire plus ça ça va dans ce thème tel thème tel truc, le but c'est de tester des trucs j’aime trop la musique je m’ouvre à tout.
J'ai bossé avec des gens qui s'occupent de ça : des pitchs des machins. Après, la professionnalisation à mon niveau d’artiste je pense c’est plus t’imposer un mode de vie un peu sérieux.
Quel ressenti tires tu de ton expérience en label, chez Citizen Kane et maintenant chez Blue Screen ?
La cité la rue. C'est toujours autant la galère la musique. C'est toujours la galère, on a beau se donner, c’est une passion qui coûte trop chère. Ça m’a ni aidé ni mené à ma perte en vrai, c'est un entre deux.
Ce qui m'a mené a mené à ta perte, ce qui a fait que j'ai perdu du bail, c'est d'avoir changer de style de son. Tu vois les gens ils me disent trop refait des sons graves tristes. Mais ils ne savent pas que quand tu fais un son triste ça te frappe.
Bosser comme à l'usine ne nuit pas à bosser par passion ?
C'est pas je me force à faire un truc. C’est juste que je me mets devant le truc, j'écoute des prods. Si il n'y a rien qui vient, tant pis. On fait du son toute l'année. Si ça a pas marcher maintenant on réessaiera, peut être ça marchera dans 1h. Perso je marche grave à la prod, s’il y a un sample qui me plait j'écris avant qu'il ai fini de composer. Ça dépends du mood, il y a pas de règles c’est l'art dans tous les cas.
Maintenant je sors plus la semaine j’évite la drogue parce que c'est un problème réel. Donc oui je me restreins à ce niveau là. À l'époque de 25, Alice, j'étais tellement dansau fond du trou.
C’était une époque ou je ne l'exprimais même pas, parce que j’étais dix fois plus dans le trou que ce que je disais dans mes sons. Je me forçais quand même a écrire, parce que je me disais qu’il n'y avait que ça qui pouvait me tirer du trou.
Est ce qu’il y a eu une rencontre que tu estime avoir été un tournant pour toi ? (humainement ou économiquement) ? Comment ça s’est fait ?
Pendant toute ma vie j'ai rencontré des gens qui m'ont sorti des trous que j’étais, des gens qui m’ont aidé, plus que mes parents. Tu connais dans le son, il y a eu Diis, ça a été un tournant parce qu’humainement et musicalement c’est quelqu’un.
Tu sais il y a des gens qui te disent une phrase et ça te reste de fou, ce mec tu le connais pas. Il y a un truc qui m'a marqué, une phrase de Booba. Ça pue la merde hein mais je l’écoutais quand j’étais dans mes pires galères : “ je dois devenir ce que j’aurais du être”. J'ai toujours reconnu les gens qui ont voulu m'aider; et que si on me dit quelque chose, c’est pas pour rien. Je sais qui me dit les trucs que je dois écouter. J'essaye de trier.
Quelle est l’importance d’un bon entourage ?
Je sais qui sera là tout le temps, c'est juste ça. Je sais qui n’a pas bougé et qui a bougé depuis tout ce temps; Diisnox Dareal, Asot, Ashwin. Ils sont là pour toi. Que je vois Diis que je vois moins souvent, ou Ashwin que je vois tous les jours; c’est mon reuf depuis 8 ans. Mirbla que je connais depuis que j'ai 5 ans.
Même humainement, ce sont des gens qui me soutiennent. C'est ça le plus important dans le fait d’avoir un bon entourage, même au-delà de la musique. On a un entourage qui est grave sincère. Pareil pour l’ODP, c'est des gars que je connais depuis des années, on est sincère c'est pas qu’une question de musique; combien de fois on s'est vu sans faire de son.
Asot j’ai commencer a bosser avec lui via la Citizen Kane et c’est devenu un frère; je connais son gosse, c’est au delà de tout ça. De toute façon moi c'est comme ça, si on taff avec quelqu'un et qu’on s'entend pas, c’est mort je peux pas. On est obligé de rigoler, de parler de la vie, c’est important.
Ecrire c’est salvateur, libérateur ou ça réouvre des plaies ?
Pas du tout. Ça fait que rouvrir des plaies. c'est pour ça que j'ai arrêté de faire des sons graves tristes tout le temps parce que c'est que te replonger dans un mood. Les gens disent “fais des sons tristes”. C'est bien marrant de dire ça, mais quand t'as vécu des trucs grave tristes, et que tu te replonges dedans, c'est que te mettre dans les mauvais mood de ressasser. C’est pas forcément bon, et les gens qui inventent où font les faux dépressifs, ils peuvent faire ça. Mais moi je peux pas faire ça sur dix projets, ça me prendrait trop la tête je deviendrai fou.
Et il y a des trucs que j’ai exprimé, où les gens trouvent que c’est hardcore. Alors j’exprime le quart de ce qu’il s’est vraiment passé. Parce que je ne pourrais pas le dire. Où il y a des trucs dans ma tête que j'ai complètement barré comme si ça existait plus, je les ai occultés, ils reviennent seulement quand je fais cet effort d’y repenser.
Tu ré-ouvres des plaies ou plutôt des souvenirs particuliers qui deviennent des plaies avec le temps ?
Ça dépend du mood, de tout. Parce qu’en général, même si je fais des sons qui ont l’air heureux dans la forme, tu peux écouter ce que je dis et c'est jamais très heureux. Je parle toujours de m'ouvrir le bras, fumer, prendre des trucs bizarres...
Tu t’es identifié à plusieurs reprises dans ta discographie aux rôles d’Evan Peters dans American Horror Story. Notamment Tate et Kit, pourquoi, et pourquoi l’un plus que l’autre ?
Moi ce que j'aime justement dans Kit, là où je me ressens plus que Tate, c'est que tout le monde pense qu’il est fou mais lui il sait pas. Il se remet en question parce que les gens lui disent qu’il est fou. Moi je te dis j'ai fréquenté les hôpitaux psy toute ma vie et je me suis grave reconnu dans ce truc. À quel moment tu dis que quelqu'un est fou ? Toute proportion gardée, j’ai pas tué personne.
Il y a des gens qui m'arrêtent dans la rue, et me disent “force à toi”; ou ils m’envoient des messages comme si j’étais archi triste. Mais justement ce qui me fait rire c’est que je vois ça comme kit où tout le monde lui dis “t’es fou” et lui ne s’en rend pas forcement compte; et tout le monde me dis “force” comme si j’allais me pendre demain, mais moi je le visualise pas forcément comme ça, je saurais pas comment expliquer.
Dans quelle mesure faut il dissocier la responsabilité de la santé mentale ?
Après il y a deux phases : les gens schizophrènes, tu peux pas vraiment les tenir responsables. Mais les gens qui ont des problèmes mentaux: bipolaire dépressif etc. Moi j’ai été comme ça le 3⁄4 de ma vie; j’ai jamais fais de “dinguerie”. Après je suis très dur avec moi même à ce niveau la, pour moi il n’y a que toi qui peut t'aider. Je me suis sortie de la merde moi même. J’ai arrêté les drogues par moi même. Parce que je voyais pas d'autres gens m'aider qui ne me connaissait pas. Mais après ça c'est vraiment personnel chacun vit son truc.
Justement comment tu essaierais de définir la folie
Je suis fasciné par l’esprit humain. Justement je ne peux pas dire. Je vais dire un schizophrène, il est fou parce qu'il a plus de notions de ... à partir du moment où t'entends des voix...
Mais qui va dire t’es fou si toi t'entends pas de voix, si toi tu pense que c’est réel; que toi t’es dépressif; c'est toi et toi. À partir de quel moment un humain peut juger un autre humain de fou frère. En sachant que, c’est quoi le degré?
Les soucis c'est chacun son échelle. Tu ne peux pas dire j'ai un souci pire qu’un autre parce que tu pourras toujours dire quelqu'un à une vie pire que toi. Moi juste ce qui m’a foutu le démon c'est que les gens, ils aiment trop faire les gens tristes, alors que quand t’as vraiment connu ça tu peux pas le glorifier à ce point, c'est pour ça j’aime pas les “emos”, j'suis pas emos moi cousin, je suis juste un mec dépressif qui a été dépressif.
Dans ta bio Spotify il y a un adjectif qui m’a tapé l’oeil, C’est que tu y es décris comme “androgyne”
Ah! Tu connais ça c'est parce que je suis un peu féminin. Moi même. Je sais pas, c’est les gens qui me disent ça, parce que j'ai grandi avec des femmes. J'assume grave ma part de féminité je m’en fiche. Tu vois, je suis la poignets cassés, tac tac, je m’en fiche, je suis comme je suis, et vient me dire que je suis une salope parce que je suis féminin frère.
Parle-moi d’Alice in Chains
Bam! Alice in chains. Mon groupe préféré. Seattle, les années 90, le grunge. Mon style de musique préféré. C’est mon daron qui m'a tout appris à ce niveau là. Il me faisait écouter Pearl Jam, table of the fog (???) Tous les Seattle des années 90s que j’ai archi aimés. Et je me suis pris Alice In Chain parce que “down in the hole”, au fond du trou, je suis “men in the boxe”. Frère c'est trop, écoute ce qu’ils disent; traduit, c’est exactement ce que je dis, en anglais.
En fait, je me reconnais trop dans ces gens, bruts, cassés. D'où le truc de chui brisé et je me répare tous les jours. Je fais tout pour me réparer, c'est compliqué, je ne sais pas si je vais réussir malgré tout ce qu'il peut se passer.
Quelles ont été tes premières influences musicales
Rock, Hard Rock, Grunge. Mon père, hein, qui est grave là- dedans. C’est pour ça que tout ce côté morbide ressort, parce que c’est ce que j'ai digéré toute mon enfance. J’allais voir System of a Dawn en concert à 8 ans les ACDC, les MotorHead, un peu plus bizarre un peu plus chelou; le chanteur collectionnait des costumes nazi. C’est pour ça je dis c'est un peu plus chelou, un peu plus trixma. Mais tu vois, j'ai grandi dans cette ambiance, mon daron c'est les concerts de metal rock, c'est la mort, les tete de mort, c'est ça. Et puis dans ma famille, la mort c'est archi présent dans tous les cas.
Est ce que tu sens une évolution dans tes goûts ou intemporalité de certains classiques ?
Ouais de ouf dans mes gouts changent de fou, avant j'étais trop rigide. Quand j’écoutais du rock j’écoutais que du rock, quand j’écoutais du rap j’écoutais trop de rap. J’ai commencé avec le rock je suis aller un peu plus dans le métal un peu ado, Bullet For My Valentine, Children Of The Bodom, c’est des trucs que je kiffais de ouf.
C’est en grandissant que j’ai commencer a écouter du rap, le premier son rap que j’ai écouté c’était “première étoile” de Booba. Après c’est Booba qui m’a trixma, Lunatic. Moi c’est dans mes pires moment de galère c’est Lunatic que j’écoutais. Et c’est la ou l’écriture m'a choqué
Sachant que ma mère et grand mère m’ont grave éduquer avec des Charles Aznavour, Brassens, tu vois des trucs vraiment français à texte, genre l’amour des texte français, mon daron est grave la dedans il me disait tu vois dans cette phrase il dit « elle me suce mais c’est très subtil »
En gros du coup j’ai grandi avec cet amour même si je ne le fais pas forcément bien.
Ma daronne me faisait écouter Sean Paul , la première approche du rap c‘est 50cents, ma daronne me faisait écouter fifty, Sean Paul, tu vois ça n'a aucun sens.
Comment est ce que tu retranscris tes influences, c’est plus inconscient ou activement dans les sons et images ?
Je les retranscris sans faire exprès. De base, je me fixais des limites en me disant que dans le rap je ne peux pas faire de trucs trop rock. Plus le temps passe, plus je me dis vas-y je m’en fiche. je (re)commence à faire de la guitare dans mes prods, faire des trucs... Je m’ouvre de plus en plus. Je me fixais des barrières de base à 25 et tout, que je ne me fixe plus.
C’est peut être pour ça que les gens décrochent un peu.Vas y, en fait, j’aime la musique, de base je fais du rock, et pourquoi je gâcherais ce coté la tu vois. En fait je me suis débridé. Diis il faisait des trucs débridés. Du coup on y est allé. Il a “guidé” mon truc. Il m’a fait découvrir des sonorités que je connaissais pas. La 2step je savais pas ce que c'était. J'étais grave fermé dans mon truc.
La drogue aussi ça débride, quand j’ai fait de la lean j’ai fait plus de Melo, haha
On dit des tatouages qu’ils sont la spiritualisation du corps et la matérialisation de l’esprit; Sachant que sur toutes tes covers tu es représenté mort et que beaucoup de tes tatouages ont un lien avec ta musique. Peut on dire qu’ils contrebalance et réactualise par l’action dans la vie, l’image cultivée de la mort ?
Tous mes tatouages ont un rapport avec ma musique c’est vrai ça, ou avec ma vie.
En vrai les covers je sais pas , je me représente mort sans faire exprès. Mes darons détestent mes covers en vrai. Toute ma vie j’ai eu envie de crever c’est réel gros. Juste je l’ai pas fait parce ya des trucs qui retiennent - je pourrais pas me suicider demain si j’ai pas un minimum réussi , c’est impossible, mais si demain j’ai réussi et que je suis triste je peux m’envoyer en l’air, je m’en fiche. En fait j’ai l’impression de niquer ma vie mais je me dis si je le fais pas j’aurais regretter, ça se trouve j’aurais essayé toute ma vie pour rien j’aurais pas réussi, j’aurais tenter.
Des fois j'écris des trucs, c’est comme si je me vidais d’un moment, je le réécoute le lendemain je me dis ah j’ai écris ça là et ça là, mets trop bizarre, c’est comme si je comprenais pas ce que j’écrivais sur le moment. C'est pour ça faire un son ça me fatigue, parce que j’envoie une émotion que j’ai sur le moment, je sais pas comment expliquer, - je fais trop l’artiste c’est horrible !
Quel est ton rapport à la nostalgie et au souvenir; est-ce davantage une tentative de capturer l’instant par le ressenti dans un morceau. Ou bien une cristallisation d’un ideal, presque romancer
Parce que le souvenir, tu vois je vais prendre l'exemple d’une relation passée. Quand tu restes, on va dire longtemps avec une personne et que ça se finit, quelques années après tu vas te rappeler que des bons souvenirs. Mais quand tu vas revoir la personne et que ça va recommencer: dans ta tête, toutes les choses qui ont fait que ça n’a pas marché, ça va revenir, et ça n'a pas changé.
Donc en fait c'est ça, t’idéalise des trucs. Comme je peux idéaliser un passé ou une personne morte de ma famille, alors que c’était une vrai pute; ça mes déjà arriver tu vois, d’idéaliser des gens en fait c’était des salopes, et il sont mort et vu qu’ils sont mort tu les idéalise. Comme quelqu’un qui a eu un accident, t’aurais toujours plus d’empathie pour quelqu’un qui a eu un accident même si c’était pas une bonne personne, tu te diras il méritait pas ça alors que qui sais ce qu’il méritait, t’es qui pour juger.
Moi je déteste l’humain c’est horrible ce que je dis. J’aime que les gens que j’aime.
Qui t’aide a part toi même, les gens t'as beau leur parler, ils ne vont jamais ressentir comme toi. C’est toi et toi. Après moi je suis enfant unique. J’ai toujours vécu tout seul, ça veut dire toujours les problèmes que j’ai eu, que ça soit entre mes parents ou quoi, c'était moi et moi, donc à part moi qui va me sortir ? Personne ne va m'aider, personne ne va ressentir ce que je ressens parce que c’est moi. Et pareil pour toi, pour tout le monde, le mec va te dire je te comprends: oui et non. C’est facile de dire ça mais c’est à des échelles différentes.
Tu écris pour combattre la mémoire ou pour essayer d’être compris ?
Ça me replonge dans le moment où j'étais dans l’émotion ou j’étais, sur le moment. Je réécoute quand je suis avec des gens ou tout seul pour voir ce que je pensais avant et maintenant, est ce que j’ai évolué.
Je me trouve toujours plus fort avant que maintenant : je réécoute des sons d’avant je me dis “putain il était chaud ce batard”. C’est toujours comme ça. Mais je me dis juste que, je sais pas, j'étais triste, je le suis toujours, même peut être plus qu’avant, mais je l’exprime moins parce que le l’ai pas encore digéré.
Quand tu fais références aux femmes, tu emploies un vocabulaire précis, est-ce un choix conscient de ta part ?
Très simple, très simple. “bb” je parle des meufs où on a vraiment vécu quelque chose ensemble. “pétasse”, c’est horrible à dire mais, je parle des gens on a baisé à une soirée et khalass; mais elle pourrait me dire pétasse aussi, ça va dans les deux sens, attention. C’est que, moi elles ont étaient des pesasses avec moi. Mais moi aussi j’ai été plusieurs fois une pétasse. Je sais que pour pleins de meufs j’ai été une pauvre merde et inversement. Je suis autant la pute de la meuf qui veut me baiser que moi je veux la baiser.
Ce genre d'expériences ne te lâche pas, ça te fait. Ça m'a grave aider. Je serais reconnaissant à vie, je crache pas.
Être authentique peut renvoyer à une sincérité morale tandis qu’il y a de l’authenticité malsaine. Dans ce cas l’individu subit aussi son mal être comment évoluer d’un état toxique et comment mesurer la responsabilité vis à vis d’autrui lorsqu’on est toxique.
Ok, je pense que je suis totalement toxique pour moi et pour les gens, surtout pour les femmes. Je ne vais pas te mentir, moi en relation je suis toxique. En fait j’ai deux émotions: sois je suis hardcore triste, sois je suis hardcore content. Je suis un poison. Mes potes le savent, je suis une horreur à vivre, c’est réel. Tu vois je m’énerve archi vite, puis je remets tout en question et je redescends vite. En fait tu vois je vais me réveiller un matin je vais avoir le mort; je vais appeler je vais insulter, insulter, insulter. Et deux heures après je vais réfléchir, et je vais dire j’avoue tac tac tac. Donc maintenant je sais me contrôler.
Qu'est ce que tu penses résonne en tes auditeurs, quel message tu renvoies, ou même quelle est l’influence que tu pourrais avoir et/ou que tu perçois chez tes auditeurs ? (mode, vocabulaire, vibes)
Je ne m'en rendais même pas compte. Mais les gens qui disent “on dirait tu parle de moi”: c’est archi cliché, mais je pensais grave pas que c’était le cas. Mais je trouve ça grave gang quand les gens me disent ça. Alors que c’est horrible parce que je dis des trucs hardcore horrible des fois, mais c’est quand même stylé, parce que je fais ça « pour ça » pour que les gens puissent se reconnaitre dans ce que je vis.
Peut être pas dans mes propos, je suis pas le plus positif. Mais quand je fais des lives où je quand je parle à ma «commu» j’essaye de véhiculer un bon message. Je dis jamais “je suis éclaté sous ça, sous ça...” Tu vois les drogues avant, il y avait vla les gens qui me demandaient des plans leans, c’est pas pour autant que je leur ai donné. Mais je parle d’un mode de vie que je « revendique » pas, je pousse pas au gens de l’avoir, je fais l’inverse de l’ego trip, justement je suis une merde de faire ça faut que les gens le sachent.
Est ce que tu crois au destin ?
Ouais fort, en fait je crois plutôt au karma, avant j'y croyais pas. Mais j’ai tellement été mauvais dans ma vie que je me dis: ça se trouve c’est à cause de ça que ça marche pas. J’ai tellement fais des trucs de douteux: arnaquer des gens ou des trucs que peut être je regrette maintenant. Donc maintenant j’essaye de faire attention, de pas souhaiter du malheur au gens, c’est archi important.
De toute façon je bosse sur moi tous les jours, j’essaye de bosser sur moi tous les jours, tous les jours j’essaye de me lever tôt, de me coucher plus tôt, de moins me droguer, de moins sortir, d’essayer de reprendre une vie; j’essaye. C’est moi et moi comme je te dis depuis le début.
Il y a des occasions qu’on a pas prises avant. Mais tu connais là, on prend tout, on a faim let’s go. Avant j'étais trop dans une matrice - juste avant on était fermé, j'étais trop trixma, j'étais trop dans mon truc ou j'étais triste, j'étais machin. Maintenant nique sa mère, on est là, on va être triste avec les gens. J’ai refusé des bails, je pense qu'au final ça m'a grave desservi.
Tu fais attention à l’image que tu renvoie, est ce que même tu la cultive ? Notamment dans le style vestimentaire, c’est un plaisir, un souci du détail ?
C’est juste moi je m'habille comme j'aime j'en ai raf, je cherche pas à cultiver une image, c’est a force qu’on me dise tu ressemble a un emo un peu oe tas ce truc je me suis dis ce truc je fais même pas exprès je me suis dis que ok les gens me vois comme ca un
Tu sortais quelques exclus sur instagram il y a un moment, pourquoi ne pas sortir des sons sur Soundcloud ?
Parce que ça prend du temps de sortir du son, les gens sont embêtants, ils disent qu'il faut trois semaines avant de machin. Vas y, moi j’ai envie de sortir des sons toute ma vie, c'est les pitchs, les gens, qui prennent la tête.
Il y pas longtemps je me suis dis il y a des sons qui datent de 2ans, ils ont pas vieilli musicalement, ils sont énervés. Ils sont énervés, deux ans ou pas ils sont bien; il sont bien. Je veux faire des mini-tapes tous les trois mois, 5 titres. Est ce que j'essaye d’associer des sons à des couleurs, ou est ce que d’un côté ça serait pas un prétexte pour sortir d’autres sons que j’ai fais avant. Faire un mix des deux, deux sons anciens, trois sons nouveaux. Par contre les sons anciens, ils sont anciens mais c’est des patates, il y a pas de sons en dessous
J’ai vu que tu avais pu croiser M le maudit à un évènement ChineurDeRap, est ce qu’on peut s’attendre à une collaboration ?
En vrai c'était amusant, on s'est rencontré là, on avait des gens en commun, on se connaissait pas. On a bien rigolé maintenant, ça parle un peu sur les réseaux, on s'est dit on ‘traperai’ sur un son, mais rien n’est fait.
Qu'est ce que tu reproches à l’industrie ? aux auditeurs?
Les gens essayent toujours de te rattacher à un style de musique, c'est chiant d'avoir l'impression de devoir s’enfermer parce que les gens ont kiffé sur un truc.
Après est ce qu’on peut reprocher ou pas, mais maintenant c'est même plus le public c'est les médias, les gens qui placent. En vrai c'est la faute d’une minorité de gens; les vrais gens qui aiment le rap, s’il te découvrent et qu’il kiffent, ils kiffent.